Lettres à un tueur (part 1)
J’ai toujours aimé écrire des lettres aux gens.
Avant l'ère des emails j’écrivais des lettres à tout le monde, de longues lettres que je mettais du temps à écrire, à personnaliser, à décorer… aujourd’hui, j’écris et je reçois aussi beaucoup moins de vraies lettres, parce que tout va plus vite par mail, mais j’ai gardé les correspondances que j’ai eues avec amis, famille, dans des boites, rangées. Parfois, il m’arrive de relire certaines de ces lettres, mais c’est rare.
Ça fait un drôle d'effet d’ouvrir des épisodes du passé.
Deux fois, j’ai eu une correspondance suivie avec des gens que je ne connaissais pas du tout, des personnes que je savais que je ne rencontrerais jamais: la première fois, que j’ai eu un correspondant, j’étais au collège et c’était avec un Zairois de Kinshasa qui s’appelait Bakal-Gédéon.
La deuxième fois, c’était entre 2000 et 2001, et mon correspondant était un prisonnier des couloirs de la mort en Floride, qui s’appelait Thomas.
Avant l'ère des emails j’écrivais des lettres à tout le monde, de longues lettres que je mettais du temps à écrire, à personnaliser, à décorer… aujourd’hui, j’écris et je reçois aussi beaucoup moins de vraies lettres, parce que tout va plus vite par mail, mais j’ai gardé les correspondances que j’ai eues avec amis, famille, dans des boites, rangées. Parfois, il m’arrive de relire certaines de ces lettres, mais c’est rare.
Ça fait un drôle d'effet d’ouvrir des épisodes du passé.
Deux fois, j’ai eu une correspondance suivie avec des gens que je ne connaissais pas du tout, des personnes que je savais que je ne rencontrerais jamais: la première fois, que j’ai eu un correspondant, j’étais au collège et c’était avec un Zairois de Kinshasa qui s’appelait Bakal-Gédéon.
La deuxième fois, c’était entre 2000 et 2001, et mon correspondant était un prisonnier des couloirs de la mort en Floride, qui s’appelait Thomas.
J’ai commencé à lui écrire en octobre 2000, après avoir lu un article qui parlait des prisonniers des couloirs de la mort aux USA. Dans l’article de ce journal, était mentionné un site où l’on pouvait écrire à des prisonniers.
Non, ce n’était pas une espèce de «Meetic» pour taulards, mais juste une façon de correspondre avec des hommes qui n’ont que très peu de contact avec l’extérieur.
Je suis entièrement opposée à la peine de mort, même «dans certains cas ».
Quels cas? Rétablir la peine de mort oui, mais uniquement pour les chanteurs illettrés? comme disait Pierre Desproges. Je me permets dans ce cas d’ajouter aussi à la liste, les escrocs qui se font passer pour des écrivains et l’inventeur du faux Nutella.
A ce rythme là, on n’a pas fini de se marrer…
Bref… chacun ses raisons et je ne souhaite pas faire un débat Jean-Luc Delarussien sur «la peine de mort, pour ou contre?» (avec d’un côté les hommes de cro-magnon partisans d’un état assassin et de l’autre, les autres), car ce n’est pas le sujet.
Et c’est pas la peine de gueuler dans les coms les Cro-Magnon, vous faites chier on est pas au Texas bordel!
J’ai envoyé une lettre à un prisonnier qui s’appelait Clarence Richard, mais j’ai reçu la réponse d’un certain Thomas.
«Tu dois trouver bizarre que ce ne soit pas Clarence Richard qui t’écrive, mais il entretient depuis peu une relation avec une fille qui est très jalouse, c’est pourquoi il a préféré me donner ta lettre afin que je devienne ton correspondant si tu veux bien. »
Thomas et moi nous sommes écrits régulièrement pendant plus d’un an, il m’a raconté très peu de choses sur les raisons qui l’ont amenées à être en prison, si ce n’est qu’il se trouvait là pour vol et meurtre, mais qu’il n’avait pas commis le crime pour lesquels il était accusé.
Coupable ou pas, la vérité m’importait peu pour tout dire : je n’étais pas là pour le juger, pour lui faire la morale, j’étais simplement là pour échanger une correspondance avec lui. Pendant tout ce temps là, je n’ai jamais eu la curiosité de savoir si oui ou non, il était coupable en vrai, de toute façon, ça n’aurait rien changé.
Nous nous écrivions de longues lettres où nous parlions de nos vies, de nos familles, de ce que nous aimions. Il me parlait beaucoup de Renée, sa fille de 12 ans qu'il voyait très peu, sa famille était de Caroline du Nord, et il avait été transféré en Floride en 1991.
Ses lettres étaient sympathiques, quelquefois drôles aussi; j’avais du mal à me dire que j’écrivais à quelqu’un qui était privé de liberté à vie en attendant son injection léthale… un jour. Lui-même ne connaissait pas la date de son exécution.
Il était dans les couloirs de la mort depuis 1991, soit 10 ans. En 2001, il avait 36 ans.
Et puis un jour, je ne me rappelle plus pour quelle raison, notre correspondance a cessé. Au bout d’un an et demi et d’une quinzaine de lettres, nous ne nous sommes plus jamais donné de nouvelles.
Je suis incapable de donner une raison à ça. J'ai complètement oublié.
J'avais oublié ces lettres, j'avais oublié Thomas depuis presque 9 ans, je ne sais même pas comment une telle chose est possible.
Il y a 2 semaines, en rouvrant la boite qui contenait toutes mes lettres depuis que je vis à Paris, j'ai retrouvé, au fond, le paquet de toutes celles qu'il m'avait envoyées, classées dans l'ordre, attachées avec une pince.
Je me suis demandée ce qu'il était devenu, depuis toutes ces années, il a dû être exécuté, c'est sûr, me suis-je dit... j'ai relu attentivement toutes ses lettres une par une, puis j'ai fait des recherches sur Internet à son sujet.
La relecture de ses lettres, ce que j'ai trouvé à son sujet sur le web... tout ça m'a vraiment remuée.
Non, ce n’était pas une espèce de «Meetic» pour taulards, mais juste une façon de correspondre avec des hommes qui n’ont que très peu de contact avec l’extérieur.
Je suis entièrement opposée à la peine de mort, même «dans certains cas ».
Quels cas? Rétablir la peine de mort oui, mais uniquement pour les chanteurs illettrés? comme disait Pierre Desproges. Je me permets dans ce cas d’ajouter aussi à la liste, les escrocs qui se font passer pour des écrivains et l’inventeur du faux Nutella.
A ce rythme là, on n’a pas fini de se marrer…
Bref… chacun ses raisons et je ne souhaite pas faire un débat Jean-Luc Delarussien sur «la peine de mort, pour ou contre?» (avec d’un côté les hommes de cro-magnon partisans d’un état assassin et de l’autre, les autres), car ce n’est pas le sujet.
Et c’est pas la peine de gueuler dans les coms les Cro-Magnon, vous faites chier on est pas au Texas bordel!
J’ai envoyé une lettre à un prisonnier qui s’appelait Clarence Richard, mais j’ai reçu la réponse d’un certain Thomas.
«Tu dois trouver bizarre que ce ne soit pas Clarence Richard qui t’écrive, mais il entretient depuis peu une relation avec une fille qui est très jalouse, c’est pourquoi il a préféré me donner ta lettre afin que je devienne ton correspondant si tu veux bien. »
Thomas et moi nous sommes écrits régulièrement pendant plus d’un an, il m’a raconté très peu de choses sur les raisons qui l’ont amenées à être en prison, si ce n’est qu’il se trouvait là pour vol et meurtre, mais qu’il n’avait pas commis le crime pour lesquels il était accusé.
Coupable ou pas, la vérité m’importait peu pour tout dire : je n’étais pas là pour le juger, pour lui faire la morale, j’étais simplement là pour échanger une correspondance avec lui. Pendant tout ce temps là, je n’ai jamais eu la curiosité de savoir si oui ou non, il était coupable en vrai, de toute façon, ça n’aurait rien changé.
Nous nous écrivions de longues lettres où nous parlions de nos vies, de nos familles, de ce que nous aimions. Il me parlait beaucoup de Renée, sa fille de 12 ans qu'il voyait très peu, sa famille était de Caroline du Nord, et il avait été transféré en Floride en 1991.
Ses lettres étaient sympathiques, quelquefois drôles aussi; j’avais du mal à me dire que j’écrivais à quelqu’un qui était privé de liberté à vie en attendant son injection léthale… un jour. Lui-même ne connaissait pas la date de son exécution.
Il était dans les couloirs de la mort depuis 1991, soit 10 ans. En 2001, il avait 36 ans.
Et puis un jour, je ne me rappelle plus pour quelle raison, notre correspondance a cessé. Au bout d’un an et demi et d’une quinzaine de lettres, nous ne nous sommes plus jamais donné de nouvelles.
Je suis incapable de donner une raison à ça. J'ai complètement oublié.
J'avais oublié ces lettres, j'avais oublié Thomas depuis presque 9 ans, je ne sais même pas comment une telle chose est possible.
Il y a 2 semaines, en rouvrant la boite qui contenait toutes mes lettres depuis que je vis à Paris, j'ai retrouvé, au fond, le paquet de toutes celles qu'il m'avait envoyées, classées dans l'ordre, attachées avec une pince.
Je me suis demandée ce qu'il était devenu, depuis toutes ces années, il a dû être exécuté, c'est sûr, me suis-je dit... j'ai relu attentivement toutes ses lettres une par une, puis j'ai fait des recherches sur Internet à son sujet.
La relecture de ses lettres, ce que j'ai trouvé à son sujet sur le web... tout ça m'a vraiment remuée.
à suivre...